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L'emprisonnement et le projet de prison à Haren - Radio Panik



Le 17 décembre, Radio Panik a consacré une émission à la problématique de l’emprisonnement et au projet de prison à Haren. J’ai pu, à cette occasion, rappeler les positions d’Ecolo sur la politique carcérale belge.




En voici, en quelques lignes, les points saillants:


Une large part des personnes aujourd’hui emprisonnées ne devraient tout simplement pas l’être. Un changement des politiques à tous les niveaux doit permettre un ajustement des mesures: une prévention plus ambitieuse; un accompagnement plus adapté, notamment à travers les soins en santé mental (plus de 10% des détenus souffrent de problèmes psychiatriques*), ou encore par la dépénalisation de certaines infractions (drogues, …). Il est aussi nécessaire de développer des alternatives aux prisons.


Un tel travail permettrait de limiter fortement le nombre de détenus. Pour ceux dont la société estime nécessaire devoir se protéger dans un premier temps, il est fondamental d’organiser l’enfermement d’une tout autre manière. Le modèle des ‘Maisons’ (dehuizen.be) doit être davantage développé. Il s’agit de petites unités de 10 à 30 personnes, implantées dans un quartier, adaptées aux différents profils ou difficultés, et qui peuvent être fermées, semi-ouvertes ou ouvertes en fonction de l’étape du projet de détention du détenus. Ce modèle rencontre différents critères que nous estimons fondamentaux pour permettre une véritable réinsertion sociale réussie: petite échelle, proximité, différenciation, liens sociaux. A côté de l’objectif de réinsertion sociale réussie, ces maisons pourraient être une meilleure réponse à la sécurité de la société que les prisons actuelles. Il est plus facile d’assurer la sécurité dans de petites structures. Le travail humain d’accompagnement et de liens avec l’entourage ainsi que l’ancrage dans la société, utile pour la sortie, permettront de diminuer le taux de récidive qui est actuellement extrêmement élevé (de 1995 à 2015, parmi les personnes qui ont été condamnées une première fois, 57% ont récidivé).


S’agissant de la prison de Haren, la structure pavillonnaire est prévue pour 1.200 détenus. Le choix du gouvernement fédéral est donc diamétralement opposé à ce que les chercheurs, le monde judiciaire et les spécialistes préconisent. Un autre aspect décrié touche à l’éloignement de ce site. Son manque d’accessibilité tant pour les familles que pour les professionnels (tous métiers confondus) est problématique, et pose la question de l’éloignement des prisons, alors que tant leur structure que leurs occupants sont le fruit de notre société et pour partie des choix qui y sont faits. D’autres problèmes font de ce projet un contre-exemple, comme la privatisation de la gestion de la prison, qui est une fonction régalienne. En effet, ces entreprises privées sont guidées par des objectifs de profit et de rentabilité plutôt que la volonté de limiter la récidive. La Cour des compte en France a comparé en 2010 les modes de gestion privée et publique des prisons. Il en ressort que les indemnités octroyées par l’État aux prestataires privés sont 2 à 3 fois plus élevées que lorsqu’une prison relève du public.


Enfin, le problème environnemental est énorme: des citoyens et des associations se sont mobilisés pour conserver cet espace vert dont la biodiversité et l’intérêt sont reconnus. La conservation de ce site doit permettre de développer un projet d’’agriculture urbaine et périurbaine, et de participer à l’élaboration d’une ceinture alimentaire. Les habitants et

défenseurs du site de Haren ont d’ailleurs développer un projet alternatif de « ferme ouvert » au Kelbeek, visant entre autres la pédagogie et la réinsertion, avec une ouverture évidente sur la problématique carcérale et d’enfermement.




*https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_internes-psychiatriques-vers-la-prison-l-hopital-ou-le-prive?id=8403602&fbclid=IwAR3k7eT-kbi_OOwk81o8HvX26BfAfYMxVwLPddhMsX5sM1-wccHwLPX1xUs

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