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La prison de Forest : une maison d'arrêt près de chez vous


La prison de Forest, qui jouxte la prison de Saint-Gilles, comprend une section pour les hommes (située rue de la Jonction) et une section destinée aux femmes ( rue Berkendael). La partie actuellement réservée aux hommes a été bâtie en 1910 selon le style architectural dit « Ducpétiaux », du nom de cet inspecteur Général des prisons qui initia la construction d'une série d'établissements selon le modèle du « panoptique ». Cette configuration, permettant une surveillance « à distance » à partir d'un point central d'où rayonnent les ailes où se trouvent les cellules, répondait à la volonté d'un isolement net des détenus entre eux ainsi que des autres services de la prison. Aucun espace commun n'y a été ainsi conçu. Les conceptions qui ont préfiguré ce type de construction sont aujourd'hui dépassées étant donné leur effet désocialisant, la réinsertion s'appuyant en effet pour une grande part sur un travail relationnel et le contact avec l'extérieur.


La prison de Forest est une maison d'arrêt, c'est à dire accueillant principalement des personnes mises en détention préventive (on parle ainsi de « prévenus »). Le maintien d'une personne en détention préventive doit être confirmé par le juge tous les mois, en fonction de l'état d'avancement de son dossier. Notons à ce propos que seul un faible pourcentage de ces personnes se retrouvent finalement condamnées (environ 30%), ce qui signifie qu'une grande partie d'entre eux aura été incarcérée « pour rien ». Ce constat n'est pas sans susciter des questions, s'il l'on pense notamment à la surpopulation endémique de nos prisons et ses conséquences tant sur le personnel que sur la situation des détenus.


La prison de Forest est en effet prévue pour accueillir 372 personnes et est régulièrement épinglée pour sa surpopulation. Le taux de détention peut atteindre dans certaines ailes jusqu'à 235% d'occupation (ce fut le cas en 2012). Le nombre actuel de détenus (au 2 juin 2015) est de 567 (dont un peu plus de 90 internés), chiffre en faible diminution au vu de la fermeture prochaine de l'aile D. Ceci signifie entre autres que de nombreux détenus (30 % en moyenne) se retrouvent 23h/24h à 3 dans une cellule de 9m² initialement prévue pour 1 ou 2 occupants, et ce dans des conditions de vie et d'hygiène épouvantables (seau hygiénique, matelas par terre,..).


La prison a d'ailleurs à cet égard fait l'objet d'un rapport accablant suite à la visite du Comité européen pour la prévention de la torture en 2012, sans que la situation n'ait depuis évolué. Notons en outre que la Belgique se voit régulièrement condamnée (encore tout récemment en 2014) par la Cour européenne des droits de l'homme suite au constat répété de conditions de détentions indignes et assimilables à la torture. Suite à la demande de plusieurs associations de droits de l'homme, un arrêté de la bourgmestre de la législature passée, repris par le bourgmestre actuel a par ailleurs été déposé afin de limiter le seuil de surpopulation à Forest.


L'extrême vétusté des lieux et le manque de locaux pour assurer les suivis sociaux des détenus constituent une entrave à leur réinsertion. Sans ce travail, le retour dans la société ne sera en effet pas aussi favorable que s'ils bénéficient d'un suivi.

Écolo demande que les conditions de détention puissent être améliorées en vue de répondre aux condamnations internationales. Dans un tel contexte, nous estimons que nous devons œuvrer à la mise en place de conditions qui favorisent efficacement la réinsertion, ce qui n'est actuellement pas le cas.

Il est important aussi de diminuer le nombre de détenus tant dans la prison de Forest que de manière générale. Regardons les politiques ambitieuses et réussies à ce sujet dans d'autres pays comme la Finlande. Une partie des détenus actuels devrait pouvoir être pris en charge de manière plus adéquate, en dehors des prisons, notamment les toxicomanes et les personnes souffrant de troubles mentaux,…


Écolo est par ailleurs opposé à la construction de « méga-prisons » telles que celle prévue à Haren. En matière de surpopulation, les études criminologiques montrent que l'augmentation de la capacité carcérale conduit systématiquement à une augmentation des mises en détention, alors que les politiques pénales actuelles visent à davantage explorer et développer les alternatives à la détention. Plus globalement, les « méga-prisons » sont des lieux profondément déshumanisants. En ce qui concerne le projet à Haren, il pose aussi question quant à l'accessibilité pour les familles, le personnel de la Justice et les services d'aide à la réinsertion.


Il ne faut pas oublier que les mauvaises conditions de détention et de son déroulement entravent le processus de réinsertion, ce qui conduit à la récidive, dont le taux en Belgique est d'ailleurs édifiant, comme les journaux l'ont à nouveau tout récemment dénoncé. Ce lien est peu diffusé dans la population et parfois mal compris. Mais l'expérience répétée nous montre que l'échec de la réinsertion est bien un échec pour l'ensemble de la société. S'attendre en effet à ce que des détenus dont les droits fondamentaux ont été bafoués au cours de leur détention réussissent ensuite leur réinsertion au sein de la société, est pour le moins illusoire.


Magali Plovie

Sarah Trillet

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